Un Week-end en Dehors – Part 2 – Vue du choeur – Denyse (à 2018)

C’était le début de notre atelier.

Debout. Les yeux fermée. Respirations profondes.

Pendant deux minutes.

Gabe, comme nous l’avons affectueusement nommé dès notre rencontre, nous lançait dans l’univers du chant choral. Un ancien Chanticleer, Gabriel Lewis O’Connor arrivait de Seattle pour un «workshop » avec les Stairwell Carollers. Pendant deux jours, nous deviendrions son instrument. Il ferait ce qu’il veut avec nos voix. Crescendo. Decrescendo. Sotto voce. Fortissimo. Sans être un Stradivarius, nous lui offrions une chorale bien préparée par notre maestro. Pierre Massie avait bien aiguisé nos attentes. Les chants préparés pour le concert n’offraient plus de secret au niveau des notes. Gabe pouvait peaufiner le rendement et suggérer de nouvelles interprétations, ce qu’il fit avec humour et respect.

Nous étions charmés comme des enfants et répondions sans restrictions à ses idées nouvelles. Pour El Grillo, il suggéra une voix nasillarde commune à l’époque de sa  création. Pour le chant Ach, wei des Leiden, il insista sur l’importance de savoir ce qu’on chante. Schmerzen. « Douleur » doit être accompagnée par une interprétation qui exprime une peine d’amour. « Si tu me quittes, je meurs » Ça revient à cela. C’est un des chants que nous allions chanter au concert, alors que les deux meilleures chorales du Glebe Collegiate, dirigées par Rachel Handley partageraient le programme de la soirée.

En après-midi du samedi, ces jeunes nous ont donc joints et nous avons poursuivi l’atelier avec eux. Au concert, mon ensemble vocal a interprété cinq chants. Ensuite, ce fut le tour des élèves et finalement, les deux groupes jumelés ont interprété la grande finale. Le clou de la soirée : un solo de Gabriel. O Hostias suivi de O Domine du Requiem de Fauré. Quand tous furent à leur place, on aurait entendu le tic tac d’une horloge tant l’auditoire ne voulait rien manquer. Aucun choriste n’était au bout du rouleau malgré les longues répétitions. Ni jeune, Ni vieux.

Une petite explication s’impose. Le Requiem de Fauré exige la contribution d’un orchestre. Pas de problème. Pierre avait préparé un accompagnement , une harmonisation apprise avec beaucoup d’efforts, mais quelle motivation de chanter avec un ancien Chanticleer. Ce groupe de douze chanteurs américains de réputation internationale charmera Ottawa en juillet lors du festival Musique et autres mondes.

Gabe en a fait partie pendant quatre ans et a participé à cinq cents concerts à travers le monde.

Bref, cette dernière fin de semaine m’a transportée au 7ième ciel. Un ciel bleu sans nuages aucun et ceci fut vrai littéralement. L’endroit où nous étions, Galilee à Arnprior, un ancien couvent des Oblats, est situé au milieu d’une nature luxuriante jouxtant la rivière Ottawa et nous avons joui d’une température magnifique.

Personnelement, j’ai cliqué avec Gabriel Lewis O’Connor. C’est réciproque. Il a perçu ma passion pour le chant. « I love your smile » m’a-t-il lancé pendant la première répétition. J’étais tellement estomachée que j’ai vérifié avec lui s’il s’était bien adressé à moi et non à Maggie juste derrière moi. Elle chante toujours avec beaucoup d’expression. Et non! C’est moi qu’il visait. Ça m’a fait un petit velours, je l’avoue.

Tous et toutes, nous gardons un excellent souvenir de ces heures passées ensemble.

Gabriel a tellement apprécié son expérience qu’il veut revenir dans la région avec sa famille et peut- être même y vivre quand il aura fini son doctorat. Et si c’était vrai?